MAÎTRES LAITIERS DU COTENTIN Les premières pierres de l'après-quotas
Répondre au souhait des adhérents de produire plus, tout en accompagnant ceux qui doutent, c'est l'équation délicate que veut résoudre la coopérative.
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Loin des grands axes routiers, dans la presqu'île du Cotentin (Manche), deux activités économiques prédominent : le nucléaire et... le lait. Les hivers et les étés y sont doux, propices à l'herbe et à la production laitière. La coopérative Maîtres Laitiers y tient une place centrale. En plus des 960 exploitations (pour 355 Ml en 2012-2013 valorisés en fromages frais), elle emploie 700 salariés sur trois sites industriels. Malgré ce fort ancrage laitier, la coop n'échappe pas aux évolutions du secteur. En quatre ans, le nombre d'exploitations a baissé de 9 %. Cette restructuration, couplée à l'attribution de quotas au profit de la Basse-Normandie depuis la création du bassin Normandie en 2011, booste les livraisons par exploitation : + 21,2 % entre 2009 et 2012.
Cet eldorado vert n'empêche pas le président Christophe Levavasseur de s'inquiéter. « Sous l'effet d'une météo détestable depuis quinze mois et de la hausse du prix des intrants, la collecte 2012-2013 est en recul de 10 Ml. » Les six premiers mois de 2013-2014 suivent ce chemin et ce, en dépit de l'annonce d'une rallonge de quota de 10 % dès mai. MLC vient de la rehausser à 15 %.
Au-delà, les prix du lait des mois concernés par le dépassement seront minorés de 286 €/1 000 l. Le montant de cette pénalité « maison » est un maximum. Elle vient d'être intégrée à son règlement intérieur. Une façon d'encadrer, dans l'après-quotas, la règle d'apport total des adhérents qui régit les coops laitières.
Intensifier les rendez-vous avec les adhérents cet hiver
En plus d'assurer les besoins en lait de l'entreprise, la rallonge généreuse de 15 % poursuit un double objectif : lancer un message fort aux producteurs qui doutent d'un avenir dans le lait et soutenir ceux qui y croient et investissent pour l'après-quotas. Comment faire avancer dans la même direction ces deux profils d'éleveurs sans rompre avec le principe d'équité ? C'est l'équation que veut résoudre la coop.
À ce titre, la campagne 2013-2014 sera une période test. Si la récolte de maïs-ensilage donne satisfaction (ce qui semble bien parti), MLC mesurera la capacité et l'envie des adhérents de produire plus. « Dans l'après-quotas, si les livraisons ne sont pas à la hauteur des besoins, peut-être serons-nous obligés d'arbitrer les volumes supplémentaires en faveur de ceux qui veulent produire, indique Christophe Levavasseur. Ce ne seront pas des arbitrages faciles. »
« Les volumes étaient gérés jusque-là par l'administration. Après les quotas, ils le seront par les acteurs économiques, complète Jean-Yves Duplenne, directeur des appros lait. À notre échelle, cela demande un partenariat renforcé entre la coopérative et ses sociétaires. » Dans ce but, MLC planche sur un système de prévision des livraisons par les éleveurs pour les mois suivants. De même, elle va intensifier les rendez-vous avec ses adhérents : rencontres des producteurs par petits groupes et des jeunes cet hiver, journée de formation sur le nouveau contexte économique à destination des déléguées et, plus largement, proposition de onze jours de formation aux producteurs qui le souhaitent.
CLAIRE HUE
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